
Rythmes de la mémoire
Rythmes de la mémoire
Une exposition mêlant photographie, vidéo, diaporama, installation et son.
Commissaire : Lê Nguyễn Duy Phương
Artistes : Lê Phát Thạnh, Nguyễn Thị Kim Hoàng & Lê Nguyễn Duy Phương
Lieu : 61 Tràng Tiền
Durée : du 01 au 30 novembre 2025
Vernissage : 06 novembre 2025 à 18h00
Lancement du livre : 06 novembre 2025 à 17h00
Mes parents étaient photographes bien avant ma naissance. En 1988, ils ont ouvert ensemble un studio pour gagner leur vie, et j’ai grandi sous les éclairs des lumières de studio, bercé par le cliquetis des obturateurs. La photographie coule dans mes veines depuis aussi longtemps que je m’en souvienne. Il existe une photo que mon Papa a prise de moi peu après mon premier anniversaire : on m’y voit tendre la main vers une pellicule, comme un signe prémonitoire du chemin que j’emprunterais un jour.
Depuis le décès de Maman, je me surprends souvent à replonger dans une enfance empreinte de son amour et de sa tendresse. Lorsque ces souvenirs commencent à s’estomper, les vieilles photographies deviennent des passerelles, me ramenant vers ces instants doux et précieux passés à ses côtés.
Pour moi, la photographie est le reflet de la mémoire. Elle reflète une forme de réalité, celle que j’ai partagée avec mon Papa en l’invitant à marcher à mes côtés et à photographier. Mais elle est aussi œuvre de fiction, mêlée à l’installation. Mon travail prend la forme d’une exposition photographique retraçant l’histoire de ma famille à travers différentes époques, où s’entrelacent réalité, passé et fragments imaginaires issus de ma propre mémoire.
Aujourd’hui encore, mon Papa poursuit son travail de photographe, malgré l’absence de sa compagne de vie et partenaire de travail depuis près de quarante ans. La maison dans laquelle j’ai grandi fut aussi ma première salle de classe, là où il m’a transmis mes premières leçons de photographie. Il reste mon refuge, mon havre de paix – car sans mes parents, je n’existerais pas.
J’ai créé cette exposition car, pour moi – comme pour beaucoup de Vietnamiens – la famille est une source inépuisable d’amour, le berceau de toutes les émotions. Depuis le décès de ma mère, il y a trois ans, il m’arrive souvent d’être envahi par l’émotion en feuilletant nos albums de famille, même si je les ai contemplés des dizaines de fois. Au fil de la création de Rythmes de la mémoire, mes sentiments ont fluctué, au gré du rythme même de la vie. Pourtant, j’ai poursuivi ce travail, conscient que la vie est trop brève pour ne pas exprimer ce qui compte. Tant que nous en avons encore le temps, au-delà des blessures inévitables, nous devrions nous offrir des mots d’amour et une attention sincère. L’amour familial, pour moi, n’est pas seulement la matière première de mon œuvre : il en est aussi l’élan vital, le moteur profond qui me pousse à continuer sur le chemin de la création.
Duy Phương est né en 1984 dans la province de Long An, au cœur du delta du Mékong, au Vietnam. Il a grandi dans une famille de photographes, un univers propice à l’éveil de sa sensibilité artistique et de son goût pour la narration visuelle. En tant que photographe documentaire, il s’attache à explorer les transformations sociales, culturelles et environnementales qui traversent la société vietnamienne contemporaine. Sa pratique mêle le réalisme à la mise en scène, effaçant les frontières entre observation et reconstitution.
Depuis 2012, son travail a été présenté dans de nombreuses expositions, au Vietnam comme à l’international, notamment à la Saatchi Gallery (Londres), au Centre Culturel Français de Hanoï, au Singapore International Photography Festival ou encore au Photo Israel Festival. Il a également été artiste en résidence à l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles (France) et à Oberlin College (Ohio, États-Unis).
Dans ses projets, Duy Phương tisse la mémoire, l’histoire familiale et les questionnements identitaires pour construire une œuvre photographique à la fois intime et profondément humaine — où l’expérience personnelle entre en résonance avec des récits collectifs plus vastes.